À la rencontre de Koné Safièta, jeune leader du libre accès.
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Le mouvement de l’Open Science prône avant tout un accès aux connaissances et aux ressources éducatives sans distinction d’origine, de sexe ou de race. Toutefois, dans ce processus d’acquisition du savoir, certaines personnes éprouvent, pour une raison ou pour une autre, des difficultés à bénéficier des mêmes avantages que les autres.
Il y a alors des hommes et des femmes qui luttent et œuvrent pour la promotion du libre accès au savoir. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de l’un de ces leaders du libre accès.
Suivez-nous donc tout au long de cet entretien.
Open Science Blog : Bonjour Safièta. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre domaine d’activité à nos lecteurs ?
Safièta Koné : Bonjour. Moi c’est Madame Koné Safièta.
Je suis une assistante sociale ; je suis également étudiante en fin de cycle de licence en sociologie-anthropologie à l’Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger.
Open Science Blog : Alors, dites-nous, comment les ressources du numérique vous aident dans votre travail ? Quels impacts elles ont sur votre productivité ?
Safièta Koné : Les ressources du numérique m’aident beaucoup à faire des travaux de recherche ; en l’occurrence pour des recherches documentaires, des présentations, partager des documents et pour des analyses de données. Et quant à l’efficacité sur ma productivité, elle n’est même plus à discuter, elle est très palpable. On gagne beaucoup en temps et en crédibilité.
Par exemple, en tant qu’étudiante, je n’ai pas forcément besoin qu’un professeur me fournisse le cours. Je fais mes recherches, je trouve le cours, je le lis et je partage le document avec les autres étudiants de ma classe ou de ma section.
J’ai dans ce cadre un groupe WhatsApp de plus de cent étudiants de ma classe et de mon département où nous partageons les ressources de travail. En même temps, je renforce mes capacités quant à la maîtrise de l’outil informatique.
Open Science Blog : Quels sont alors les contraintes et obstacles que vous rencontrez ainsi que les personnes de votre milieu dans le domaine de l’utilisation et l’accès au numérique et de ses ressources ?
Safièta Koné : En ce qui les contraintes et les obstacles rencontrés, ils sont le plus souvent d’ordre techniques ; puisque je suis moi-même limitée dans mes recherches avec l’utilisation de l’ordinateur et du smartphone. Je suis donc perpétuellement en train de me former. Mon avantage est d’être entouré de personnes, d’étudiants, de familles et d’amis qui m’aident.
Par exemple, dans ma classe, en fin de troisième année de sociologie-anthropologie, je ne sais pas combien d’étudiants possèdent un ordinateur. Peut-être moins de la moitié des étudiants de la classe a un téléphone portable avec lequel ils pourraient faire des recherches.
Toutefois, dans le groupe WhatsApp dont j’avais parlé, tout le monde a un smartphone ; mais, il n’y a pas de connexion internet ou Wi-Fi à l’université. La connexion dont on peut disposer est de très faible débit ; cela rend vraiment difficile notre travail.
Les étudiants doivent donc s’abonner pour pouvoir accéder à internet, ce qui n’est pas toujours évident ; parce que nous sommes dans milieu où la plupart des étudiants manquent des moyens de base. Vous comprenez donc que pour des personnes qui n’ont pas ces moyens de base, le numérique devient un grand luxe; alors que c’est une vraie nécessité pour tout étudiant. En plus de tout ça, nous avons aussi des professeurs qui sont dépassés par la technologie; qui continuent à donner les cours d’une manière traditionnelle.
Open Science Blog : Pensez-vous que le mouvement de l’Open Science peut apporter des solutions aux problèmes d’accès au numérique en particulier pour les femmes de votre pays ?
Safièta Koné : Alors, pour ma part, cela fait trois ans que je vis au Niger, que je considère donc comme mon pays. Je dirai donc que mouvement de la science ouverte est un meilleur moyen d’accès au numérique. La science ouverte n’est pas seulement limitée au domaine académique. J’ai par exemple bénéficié d’une formation dans le cadre de ce mouvement sur le logiciel Zotéro à Cotonou avec l’APSOHA. Cela m’a permis d’affiner mes connaissances. J’ai pu découvrir ce logiciel qui est en accès libre et qui permet de faire des recherches, de constituer une bibliographie automatique ; une merveille !!
Donc être fille ou femme au Niger n’est pas chose aisée du tout, parce que nous sommes dans un milieu d’homme ; il faut donc se battre doublement. Mais, il y a des battantes, des curieuses, des audacieuses, des personnes motivées, qui, lentement mais sûrement font bouger les lignes.
Je vais dans ce cadre former très bientôt des filles, des femmes et même des garçons de mon groupe WhatsApp en WordPress et en Zotéro, et ces derniers vont relayer la formation à leur niveau. La gent féminine de mon groupe sera sûrement boostée pour renforcer ses capacités dans le domaine du numérique; avec ordinateur, téléphone ou sans. On ne demande pas vraiment de grands moyens pour ça, car on dit que là où il y a une volonté; il y a toujours une voie.
Open Science Blog : Quelles actions pourraient-être menées pour améliorer l’accès et l’utilisation du numérique dans votre milieu ?
Safièta Koné : Comme actions qui pourraient être menées, moi je propose toujours les formations gratuites dans le domaine du numérique aux étudiants. Il faudrait aussi encourager les étudiants à partager leurs connaissances. Ne jamais se décourager ; parce qu’au Niger par exemple les gens ne partagent pas souvent leurs connaissances. Ils les gardent jalousement, du coup, ça ne fait pas avancer les choses.
En effet, plus on partage, plus on reçoit en retour et plus on se perfectionne et plus on a confiance en soi. Je pense donc vraiment que les formations gratuites et le partage d’informations pourraient vraiment être le moyen d’apporter un coup de pouce à la situation.
Open Science Blog : Merci Safièta pour votre disponibilité.
Safièta Koné : C’est moi qui vous remercie.